Guy Delville

Je ne serai certes pas le premier à vous présenter mes vœux… Mais sûrement pas le dernier à m’empresser de vous souhaiter des savoureux bonheurs tout au long de l’année.

Guy Delville
Chroniqueur gastronomique

Coups de gueule

  • Coups de gueule

Il est grand temps d’arrêter de parler et d’évoquer hiérarchie des saveurs, échelle du goût et autres balivernes nuisibles et fausses. Il ne faut quand même pas dire et proclamer qu’un restaurant proposant à ses clients du homard, du caviar et des langoustes est meilleur qu’un autre affichant à sa carte pieds de cochon, boulets ou saucisses ! Arrière, messieurs les snobinards : la valeur intrinsèque d’un aliment ne détermine donc pas la place de ce produit sur une quelconque échelle de valeur. Qu’on se le dise !

Certains restaurateurs (et non des moindres) s’interrogent avec acuité sur les émissions dites « gastronomiques » où l’on juge, en deux coups de cuillère à pot, la valeur de tel ou tel cuisinier sans se rendre compte du travail effectué sur plusieurs années pour arriver à un niveau acceptable (ne fut-ce que dans le chef… du chef !).

Et si, chaque année, le policier ayant arrêté le moins de délinquants, le professeur ayant le moins de réussites aux examens des chères têtes blondes, bref, si ces braves gens devaient renoncer, du moins provisoirement, à leurs métiers… L’humiliation est certaine, le dédain est à chaque détour d’antenne, l’opprobre est évidente.

Je relaye volontiers ces réflexions qui ne sont pas miennes, mais celles de professionnels qui se sentent juger par des personnes qui n’ont sûrement pas toutes les qualités ni les compétences nécessaires pour le faire en toute équité.

Gérard (un vrai pro) m’écrit : « Dans un café, une brasserie, une boîte de nuit ou un resto, j’en ai ras-le-bol que les membres du personnel mettent leurs doigts à l’endroit même où je vais poser mes lèvres. Je m’insurge et le fais savoir. Haut et fort. » Bien d’accord, Gérard !